Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/236

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le voir, il aurait l’air de nous annoncer d’étranges choses.

ROSSE. — Dieu sauve le roi !

DUNCAN. — D’où viens-tu, digne thane ?

ROSSE. — De Fife, grand roi, où les bannières des Norwégiens insultent les cieux et glacent nos gens du vent qu’elles agitent. Le roi de Norwége en personne, à la tête d’une armée terrible, et secondé par ce traitre déloyal, le thane de Cawdor, avait engagé un combat funeste, lorsque le nouvel époux de Bellone, revêtu d’une armure éprouvée, s’est mesuré avec lui à forces égales, et son fer opposé contre un fer rebelle, bras contre bras, a dompté son farouche courage.—Pour conclure, la victoire nous est restée.

DUNCAN. — Quel bonheur !

ROSSE. — Maintenant Suénon, le roi de Norwége, demande à entrer en composition : nous n’avons pas daigné lui permettre d’enterrer ses morts, qu’il n’eût déposé d’avance à Saint-Colmes-Inch dix mille dollars pour notre usage général.

DUNCAN. — Le thane de Cawdor ne trahira plus nos intérêts confidentiels. Allez, ordonnez sa mort, et saluez Macbeth du titre qui lui a appartenu.

ROSSE. — Je vais faire exécuter vos ordres.

DUNCAN. — Ce qu’il a perdu, le brave Macbeth l’a gagné.

(Ils sortent.)


Scène III

Une bruyère.—Tonnerre.

Entrent LES TROIS SORCIÈRES.

PREMIÈRE SORCIÈRE. — Où as-tu été, ma sœur ?

DEUXIÈME SORCIÈRE. — Tuer les cochons[1].

TROISIÈME SORCIÈRE. — Et toi, ma sœur ?

PREMIÈRE SORCIÈRE. — La femme d’un matelot avait des châtaignes dans son tablier ; elle mâchonnait, mâchonnait,

  1. Killing swine. C’était une des grandes occupations des sorcières de faire mourir les cochons de ceux qui leur avaient déplu d’une façon quelconque.