Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/300

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ROSSE. — Je vous l’ai dit.

MALCOLM. — Prenez courage : cherchons dans une grande vengeance des remèdes propres à guérir cette mortelle douleur.

MACDUFF. — Il n’a point d’enfants[1] ! —Tous mes jolis enfants, avez-vous dit ? tous ? Oh ! milan d’enfer ! Tous ? quoi ! tous mes pauvres petits poulets et

  1. :He has no children ! On est demeuré dans l’incertitude sur le sens de cette exclamation : quelques personnes pensent qu’elle s’adresse à Malcolm, dont les impuissantes consolations ne peuvent venir que d’un homme qui n’a pu connaître une pareille douleur ; et il est certain qu’à l’appui de cette opinion vient ce qu’a dit lady Macbeth, dans le premier acte, du bonheur qu’elle a senti à allaiter son enfant ; de plus, les chroniques d’Écosse parlent d’un fils de Macbeth, nommé Lulah, qui fut, après la mort de son père, couronné roi par quelques-uns de ses partisans, et fut ensuite tué quatre mois environ après la bataille de Dunsinane. Mais, d’un autre côté, il est clair que Macduff répond à Malcolm, et qu’il repousse ses consolations par l’impossibilité où il est de se venger sur un homme qui n’a pas d’enfants. Il faut remarquer d’ailleurs que rien dans la pièce n’a indiqué que Macbeth eût des enfants vivants, et que le désespoir avec lequel Macbeth apprend que des enfants de Banquo régneront après lui, ne parait pas porter sur l’idée de voir privé de la couronne un enfant déjà existant. Il ne dit point : not my son, mais no son of mine succeeding ; enfin, ce sens exprime un sentiment beaucoup plus profond, et c’est une raison pour croire que c’est celui de Shakspeare.