Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/386

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d’entrer avec nous dans cette abbaye : vous entendrez l’histoire entière de nos aventures. Et vous tous qui êtes assemblés en ce lieu, et qui avez souffert quelque préjudice des erreurs réciproques d’un jour, venez, accompagnez-nous, et vous aurez pleine satisfaction.—Pendant vingt-cinq ans entiers, j’ai souffert les douleurs de l’enfantement à cause de vous, mes enfants, et ce n’est que de cette heure que je suis enfin délivrée de mon pesant fardeau.—Le duc, mon mari, et mes deux enfants, et vous, les calendriers de leur naissance, venez avec moi à une fête d’accouchée ; à de si longues douleurs doit succéder une telle nativité.

LE DUC.—De tout mon cœur ; je veux jaser comme une commère à cette fête.

(Sortent le duc, l’abbesse, Ægéon, la courtisane, le marchand et la suite.)

DROMIÔ de Syracuse, à Antipholus d’Éphèse.—Mon maître, irai-je reprendre abord votre bagage ?

ANTIPHOLUS d’Éphèse.—Dromio, quel bagage à moi as-tu donc embarqué ?

DROMIÔ de Syracuse.—Tous vos effets, monsieur, que vous aviez à l’auberge du Centaure.

ANTIPHOLUS de Syracuse.—C’est à moi qu’il veut parler : c’est moi qui suis ton maître, Dromio ; allons, viens avec nous : nous pourvoirons à cela plus tard : embrasse ici ton frère, et réjouis-toi avec lui.

(Les deux Antipholus sortent.)

DROMIÔ de Syracuse.—Il y a à la maison de votre maître une grosse amie qui, aujourd’hui à dîner, m’a encuisiné, en me prenant pour vous. Ce sera désormais ma sœur, et non ma femme.

DROMIÔ d’Éphèse.—Il me semble que vous êtes mon miroir, au lieu d’être mon frère. Je vois dans votre visage que je suis un joli garçon.—Voulez-vous entrer pour voir leur fête ?

DROMIÔ de Syracuse.—Ce n’est pas à moi, monsieur, à passer le premier : vous êtes mon aîné.

DROMIÔ d’Éphèse.—C’est une question : comment la résoudrons-nous ?