Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/461

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ce matin ; c’est ainsi qu’Héro a été accusée et refusée ; et elle en est tout à coup morte de douleur. Monsieur le constable, faites lier ces hommes et qu’on les conduise devant Léonato. Je vais les précéder et lui montrer leur interrogatoire.

(Il sort.)

DOGBERRY. — Allons aux opinions sur leur sort.

VERGES. — Qu’on les enchaîne.

CONRAD. — Retire-toi, faquin !

DOGBERRY. — Ô Dieu de ma vie, où est le sacristain ? qu’il écrive que l’officier du prince est un faquin. Impudent varlet ! Allons ; garrottez-les.

CONRAD. — Arrière ! tu n’es qu’un âne, tu n’es qu’un âne.

DOGBERRY. — Ne suspectez-vous pas ma place, ne suspectez-vous pas mon âge ? Oh ! que n’est-il ici pour écrire que je suis un âne ! Mais, compagnons, souvenez-vous-en que je suis un âne. Quoique cela ne soit point écrit, n’oubliez pas que je suis un âne. Toi, méchant, tu es plein de piété, comme on le prouvera par bon témoignage. Je suis un homme sage, et qui plus est, un constable, et qui plus est encore, un bourgeois établi, et qui plus est, un homme aussi bien en chair que qui ce soit à Messine ; un homme qui connaît la loi, va ; un homme qui est riche assez, entends-tu, et qui a souffert des pertes, et qui a deux robes et tout ce qui s’ensuit à l’avenant. Emmenez, emmenez-le. Oh ! que n’a-t-on écrit que j’étais un âne !


(Ils sortent.)