Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/469

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de plus, ils ont dit des mensonges ; en second lieu, ce sont des calomniateurs ; et pour sixième et dernier délit, ils ont noirci la réputation d’une dame ; troisièmement, ils ont déclaré des choses injustes ; et pour conclure, ce sont de fieffés menteurs.

DON PÈDRE. — D’abord, je vous demande ce qu’ils ont fait ; troisièmement, je vous demande quelle est leur offense ; en sixième et dernier lieu, pourquoi ils sont prisonniers, et pour conclusion, ce dont vous les accusez.

CLAUDIO. — Fort bien raisonné, seigneur ! et suivant sa propre division ; sur ma conscience, voilà une question bien retournée.

DON PÈDRE. — Messieurs, qui avez-vous offensé, pour être ainsi garrottés et tenus d’en répondre ? Ce savant constable est trop fin pour qu’on le comprenne, quel est votre délit ?

BORACHIO. — Noble prince, ne permettez pas qu’on me conduise plus loin pour subir mon interrogatoire ; entendez-moi vous-même ; et qu’ensuite le comte me tue. J’ai abusé vos yeux, et ce que n’a pu découvrir votre prudence, ces imbéciles l’ont relevé à la lumière. Ce sont eux qui, dans l’ombre de la nuit, m’ont entendu avouer à cet homme, comment don Juan, votre frère, m’avait engagé à calomnier la signora Héro ; comment vous aviez été conduits dans le verger, et m’aviez vu faire ma cour à Marguerite, vêtue des habits d’Héro ; enfin comment vous l’aviez déshonorée au moment où vous deviez l’épouser. Ils ont fait un rapport de toute ma trahison ; et j’aime mieux le sceller par ma mort que d’en répéter les détails à ma honte. La dame est morte sur la fausse accusation tramée par moi et par mon maître ; et bref, je ne demande autre chose que le salaire dû à un misérable.

DON PÈDRE. — Chacune de ces paroles ne court-elle pas dans votre sang comme de l’acier ?

CLAUDIO. — J’avalais du poison pendant qu’il les proférait.

DON PÈDRE, à Borachio. — Mais est-ce mon frère qui t’a incité à ceci ?