à supporter les suites de cette action, que nous qui l’avons faite[1].
cassius. — Où est Antoine ?
trébonius. — Dans sa maison, où il s’est enfui d’épouvante. Hommes, femmes, enfants, les regards pleins de terreur, crient et courent comme si nous étions au jour du jugement.
brutus. — Destins, nous connaîtrons vos volontés. Que nous devons mourir, nous le savons. Ce n’est que de l’époque et du soin d’en retarder le jour que s’inquiètent les hommes.
cassius. — Véritablement, celui qui retranche vingt années de la vie, retranche vingt années de crainte de la mort.
brutus. — Cela convenu, la mort est un bienfait ; et nous nous sommes montrés les amis de César en abrégeant le temps qu’il avait à la craindre. Baissez-vous, Romains, baissez-vous ; baignons nos bras dans le sang de César, et que nos épées en soient enduites. Marchons ensuite jusqu’à la place publique, et brandissant nos glaives rougis au-dessus de nos têtes, crions tous : Paix ! délivrance ! liberté !
cassius. — Baissons-nous donc et qu’ils en soient trempés… — Combien de siècles futurs verront représenter la noble scène que nous donnons ici, dans des empires à naître et dans des langages encore inconnus !
brutus. — Combien de fois verra-t-on couler, par manière de jeu, le sang de ce César que voilà étendu sur la base de la statue de Pompée, de pair avec la poussière !
cassius. — Et chaque fois que cela se verra, on dira de notre association : Ce sont là les hommes qui donnèrent à leur pays la liberté.
décius. — Eh bien ! sortirons-nous ?
cassius. — Oui, marchons tous, Brutus nous conduira ;
- ↑
Voltaire a traduit :
Allez, qu’aucun Romain ne prenne ici l’audace
De soutenir ce meurtre, et de parler pour nous ;
C’est un droit qui n’est dû qu’aux seuls vengeurs de Rome.