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ACTE III, SCÈNE II.

quatrième citoyen. — Lisez le testament ; nous voulons l’entendre, Antoine. Vous nous lirez le testament, le testament de César.

antoine. — Voulez-vous avoir de la patience ? voulez-vous différer quelque temps ? — Je me suis laissé entraîner trop loin en parlant du testament. Je crains de faire tort à ces hommes honorables dont les poignards ont massacré César ; je le crains.

quatrième citoyen. — Ce furent des traîtres. Eux, des hommes honorables !

les citoyens. — Le testament ! les dispositions de César !

second citoyen. — Ce sont des scélérats, des assassins. — Le testament ! le testament !

antoine. — Vous voulez donc me contraindre à lire le testament ? Puisqu’il en est ainsi, formez un cercle autour du corps de César, et laissez-moi vous montrer celui qui fit le testament. — Descendrai-je ? y consentez-vous ?

les citoyens. — Venez, venez.

second citoyen.-Descendez.

troisième citoyen. — Nous y consentons.

(Antoine descend de la tribune.)

Quatrième citoyen. — Formons un cercle, mettons-nous autour de lui.

premier citoyen. — Écartez-vous du cercueil, écartez-vous du corps.

second citoyen. — Place pour Antoine, le noble Antoine.

antoine. — Ne vous jetez pas ainsi sur moi, tenez-vous éloignés.

les citoyens. — En arrière, place, reculons en arrière.

antoine. — Si vous avez des larmes, préparez-vous à les répandre maintenant. — Vous connaissez tous ce manteau. — Je me souviens de la première fois où César le porta : c’était un soir d’été dans sa tente, le jour même qu’il vainquit les Nerviens. — Regardez ; à cet endroit il a été traversé par le poignard de Cassius. Voyez quelle large déchirure y a faite le haineux Casca ! C’est à travers celle-ci que le bien-aimé Brutus a poignardé César ; et lorsqu’il retira son détestable fer, voyez jusqu’où le sang de César l’a suivi, se précipitant au dehors comme