pas trouvé tes amis ? n’ont-ils pas mis sur mon front cette couronne de victoire, me chargeant de te la donner ? n’as-tu pas entendu leurs acclamations ? Hélas ! tu as mal interprété toutes ces choses. Mais attends, reçois cette guirlande sur ta tête. Ton Brutus me recommanda de te la donner ; je veux accomplir son ordre. — Viens, approche, Brutus, et vois ce qu’était pour moi Caïus Cassius. — Vous me le permettez, grands dieux j’accomplis le devoir d’un Romain. Viens, épée de Cassius, et trouve le cœur de Titinius.
brutus. — Où est-il ? où est-il ? Où est son corps, Messala ?
messala. — Là-bas, là et Titinius gémissant près de lui.
brutus. — Le visage de Titinius est tourné vers le ciel !
caton. — Il s’est tué !
brutus. — Ô Jules César, tu es puissant encore ton ombre se promène sur la terre, et tourne nos épées contre nos propres entrailles.
caton. — Brave Titinius ! voyez, n’a-t-il pas couronné Cassius mort ?
brutus. — Est-il encore au monde deux Romains semblables à ceux-là ? Toi le dernier de tous les Romains, adieu, repose en paix : il est impossible que jamais Rome enfante ton égal. — Amis, je dois plus de larmes à cet homme mort que vous ne me verrez lui en donner. — J’en trouverai le temps, Cassius, j’en trouverai le temps ! — Venez donc, et faites porter ce corps à Thasos. Ses obsèques ne se feront point dans notre camp ; elles pourraient nous abattre. — Suivez-moi, Lucilius ; venez aussi, jeune Caton : retournons au champ de bataille. Labéon, Flavius, faites avancer nos lignes. La troisième heure finit : avant la nuit, Romains, nous tenterons encore la fortune dans un nouveau combat[1].
- ↑ Ce ne fut pas le même jour, mais trois semaines après, que Brutus donna la seconde bataille dans ces mêmes plaines de Phi-