Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/114

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fois elle s’est promenée — devant leurs yeux affaiblis et épouvantés, — à la distance du bâton qu’elle tenait. — Et eux, dissous en une sueur glacée — par la terreur, sont restés muets, — et ils n’ont osé lui parler. Ils m’ont — fait part de ce secret effrayant, — et, la nuit suivante, j’ai monté la garde avec eux. — Alors, juste sous la forme qu’ils m’avaient indiquée, — sans qu’il y manquât un détail, — l’apparition est revenue. J’ai reconnu votre père ; — ces deux mains ne sont pas plus semblables.
HAMLET.

C’est très-étrange.

HORATIO.

C’est aussi vrai que j’existe, mon honoré seigneur ; — et nous avons pensé bien agir — selon notre devoir en vous en instruisant.

HAMLET.

Où cela s’est-il passé ?

MARCELLUS.

Monseigneur, sur la plate-forme où nous étions de garde.

HAMLET.

Et vous ne lui avez pas parlé ?

HORATIO.

Si fait, monseigneur ; mais il n’a fait aucune réponse. — Une fois, pourtant, il m’a semblé qu’il allait parler — et qu’il levait la tête avec le mouvement — de quelqu’un qui veut parler ; mais alors justement — le coq matinal a jeté un cri aigu, et tout en hâte, — en hâte, le spectre s’est enfui, et s’est évanoui — de notre vue.

HAMLET.

Mais vraiment, vraiment, messieurs, ceci me trouble. — Êtes-vous de garde cette nuit ?