Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/116

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HORATIO.

Le temps qu’il faudrait pour compter jusqu’à cent — sans se presser.

MARCELLUS.

Oh ! plus longtemps ! plus longtemps !

HAMLET.

Sa barbe était grisonnante, n’est-ce pas ?

HORATIO.

Elle était comme je la lui ai vue de son vivant, — d’un noir argenté.

HAMLET.

Je veillerai cette nuit ; peut-être reviendra-t-il encore.

HORATIO.

Oui, je le garantis.

HAMLET.

S’il se présente sous la figure de mon noble père, — je lui parlerai, dût l’enfer, bouche béante, — m’ordonner de me taire. Messieurs, — si vous avez jusqu’ici tenu cette vision secrète, — gardez toujours le silence ; — et, quoi qu’il advienne cette nuit, — confiez-le à votre réflexion, mais pas à votre langue ; — je récompenserai vos dévouements. Ainsi, adieu. — Sur la plate-forme, entre onze heures et minuit, j’irai vous voir.

TOUS.

Nos hommages à votre seigneurie.

Ils sortent.
HAMLET.

Votre amitié ! à moi votre amitié, comme la mienne à vous ! — Adieu ! L’esprit de mon père en armes ! — Ah ! tout cela va mal ! Je soupçonne quelque hideuse tragédie. — Que la nuit n’est-elle déjà venue ! — Jusque-là, reste calme, mon âme. Les noires actions, — fussent-elles couvertes par le monde entier, se dresseront aux yeux des hommes.

Il sort.