Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
dire que vous ne comprenez pas bien vous-même — ce qui sied à mon honneur et à votre renom.
OFÉLIA.

Monseigneur, il m’a fait maintes offres de son amour.

CORAMBIS.

Des offres ! oui, oui, vous pouvez appeler cela des offres.

OFÉLIA.

Et avec des serments si sérieux !

CORAMBIS.

Piéges à attraper des grues. — Quoi ! ne sais-je pas, alors que le sang brûle, — avec quelle prodigalité l’âme prête des serments à la langue ? — Bref, soyez plus avare de votre virginale présence, — ou, en vous donnant ainsi, vous me donnerez pour un niais.

OFÉLIA.

Je vous obéirai, monseigneur, de tout mon possible.

CORAMBIS.

Ofélia, ne recevez plus ses lettres, — car les lignes d’un amant sont un filet pour attraper le cœur ; — refusez ses présents. Autant de clefs — pour ouvrir la chasteté au désir. — Rentrez, Ofélia. De pareils hommes se montrent souvent — grands dans leurs paroles, mais petits dans leur amour.

OFÉLIA.

Je rentre, monseigneur.

Ils sortent.

SCÈNE IV.
[La plate-forme.]
Entrent Hamlet, Horatio et Marcellus.
HAMLET.

L’air pince rudement. Il fait un vent aigre — et piquant. Quelle heure est-il ?