Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/120

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HORATIO.

Pas loin de minuit, je crois.

MARCELLUS.

Non, il est déjà sonné.

HORATIO.

Vraiment ? Je ne l’ai pas entendu.

Des trompettes sonnent.

Que signifie ceci, monseigneur ?

HAMLET.

Oh ! le roi passe cette nuit à boire, — au milieu de l’orgie et des danses aux contorsions effrontées ; — et, à mesure qu’il boit les rasades de vin du Rhin, — la timbale et la trompette proclament ainsi — le triomphe de ses toasts.

HORATIO.

Est-ce la coutume ici ?

HAMLET.

Oui pardieu ! Et quoique je sois — né dans ce pays et fait pour ses usages, — c’est une coutume qu’il est plus honorable — de violer que d’observer.

Entre le Spectre.
HORATIO.

Regardez, monseigneur, le voilà !

HAMLET.

Anges, ministres de grâce, défendez-nous ! — Qui que tu sois, esprit salutaire ou lutin damné, — que tu apportes avec toi les brises du ciel ou les rafales de l’enfer, — que tes intentions soient perverses ou charitables, — tu te présentes sous une forme si provoquante — que je veux te parler. — Je t’invoque, Hamlet, sire, mon père, royal Danois. — Oh ! réponds-moi ! ne me laisse pas déchirer par le doute ; — mais dis-moi pourquoi tes os sanctifiés, ensevelis dans la mort, — ont déchiré