Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/132

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éloigné — silencieux comme le milieu de la nuit. — Quand il s’en est allé, ses yeux étaient toujours sur moi ; — car il regardait par-dessus son épaule, — et semblait trouver le chemin sans y voir, — car il a franchi les portes sans l’aide de ses yeux, — et il m’a quittée.
CORAMBIS.

Son amour pour toi l’a rendu fou ! — Çà, lui avez-vous adressé récemment des paroles maussades ?

OFÉLIA.

J’ai repoussé ses lettres, refusé ses présents, — comme vous me l’aviez ordonné.

CORAMBIS.

Eh bien ! voilà ce qui l’a rendu fou ! — Par le ciel ! c’est le propre de notre âge, — de voir trop loin, comme c’est le propre de la jeunesse — de se livrer, à ses caprices. Ah ! je suis fâché — d’avoir été si exagéré ; mais quel remède ? — Allons trouver le roi. Cette folie n’est peut être, — dans son égarement passager, qu’un amour plus vrai pour toi.

Ils sortent.

SCÈNE VII.
[Une salle dans le château.]
Entrent le Roi et la Reine, Rossencraft et Gilderstone.
LE ROI.

Très-nobles amis, que notre cher cousin Hamlet — a perdu tout à fait son bon sens, — cela est très-vrai, et nous en sommes bien affligés pour lui. — Nous vous demandons en conséquence, au non de l’intérêt — que vous lui portez et de la grande affection que nous avons pour vous, — de tâcher d’arracher de lui — la cause et les motifs de son dérangement. — Faites cela, le roi de Danemark vous sera reconnaissant.