C’est court, monseigneur.
Comme l’amour d’une femme.
Quarante années se sont écoulées, dates évanouies,
Depuis l’heureux moment qui a réuni nos deux cœurs en un seul.
Et maintenant le sang qui remplissait mes jeunes veines
Coule faiblement dans ses tuyaux ; et tous les chants
De la musique qui jadis charmaient mon oreille,
Sont maintenant un refrain que l’âge ne peut plus supporter.
Aussi, ma bien-aimée, la nature doit-elle payer sa dette :
Il faut que j’aille au ciel et te laisse sur la terre.
Oh ! ne dites pas cela, si vous ne voulez pas me frapper au cœur
Quand la mort vous emportera, puisse la vie me quitter !
Résigne-toi ; quand mon existence sera finie,
Tu pourras peut-être trouver un compagnon plus noble,
Plus sage, plus jeune, un…
Oh ! tais-toi ! Alors je serais maudite.
Nulle n’épouse un second mari sans tuer le premier.
Je donne une seconde fois la mort à mon seigneur,
Quand un second époux m’embrasse dans mon lit.
Oh ! absinthe ! absinthe !
Je crois que vous pensez ce que vous dites-là ;
Mais on brise souvent une détermination.
Car nos projets sont toujours renversés ;
Nos pensées sont nôtres, mais leur fin, non pas !