Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/176

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LA REINE.

C’est vrai, mais pas par lui.

LÉARTES.

Par qui ? Par le ciel ! je le saurai.

LE ROI.

Lâchez-le, Gertrude ! Arrière ! Je ne le crains pas ; — une telle divinité entoure un roi — que la trahison n’ose pas le regarder en face. — Lâchez-le, Gertrude… Que votre père a été assassiné, — cela est vrai, et nous en sommes désolé, — car il était le principal pilier de notre empire. — Est-ce une raison pour que, comme un joueur désespéré ; — vous vouliez, par un coup suprême, ruiner amis et ennemis ?

LÉARTES.

Ses bons amis, je les recevrai à bras tout grands ouverts, — et je les enfermerai dans mon cœur ; mais avec ses ennemis, — je ne veux de réconciliation que par le sang.

LE ROI.

Ah ! voilà que vous parlez comme un fils excellent. — Nous sommes désolé dans l’âme de sa mort ; — vous en aurez vous-même la preuve avant longtemps. — Jusque-là, soyez patient et résignez-vous.

Entre Ofélia, vêtue comme tout à l’heure.
LÉARTES.

Qui est-ce ? Ofélia ! ô ma sœur chérie ! — Est-il possible que la raison d’une jeune fille — soit aussi mortelle que la vie d’un vieillard ? — Ô cieux ! Comment te trouves-tu, Ofélia ?

OFÉLIA.

Bien. Dieu vous garde ! Je viens de cueillir des fleurs. — Tenez, voici de la rue pour vous. — Vous pouvez l’appeler herbe de grâce les dimanches ; — en voici aussi