Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/185

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est, — qu’il chante en faisant une fosse. — Vois comme le drôle heurte les têtes contre terre.
HORATIO.

L’habitude fait que ça ne lui semble plus rien.,

PREMIER PAYSAN.

Une pioche et une bêche,
Une bêche… et un drap pour linceul.
Il importe de faire le trou,
C’est tout ce qu’il faut pour un tel hôte.

HAMLET.

Regardez ! en voici un autre, Horatio. — Qui sait si ce n’est pas le crâne d’un homme de loi ? — Il devrait, ce me semble, poursuivre ce gaillard — pour voies de fait, puisqu’il lui cogne ainsi — sa caboche avec sa pelle. À présent, où sont vos — arguties et vos subtilités, vos garanties et — vos doubles garanties, vos baux, vos francs-alleux, — et vos droits seigneuriaux ?… C’est à peine si ce coffre — contiendrait ses titres de propriété, et il faut que son honneur — s’y couche tout de son long ! Ô douloureux changement ! — De grâce, dis-moi, Horatio, — est-ce que le parchemin n’est pas fait de peau de mouton ?

HORATIO.

Oui, monseigneur, et de peau de veau aussi.

HAMLET.

Ma foi, ce sont eux-mêmes des moutons et des veaux, qui ont recours ou se fient à un titre pareil !… — En voici un autre. Pourquoi ne serait-ce pas le crâne — d’un tel qui vantait le cheval de monseigneur un tel, — quand il voulait l’obtenir ? Horatio, de grâce, — interrogeons ce garçon là-bas. — Ah çà ! mon ami ; à qui est cette fosse ?

PREMIER PAYSAN.

À moi ; monsieur.