Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/187

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— tua Fortinbras en duel, vous savez, le père du jeune Hamlet, — celui qui est fou.
HAMLET.

Oui-dà, comment est-il devenu fou ?

PREMIER PAYSAN.

Eh bien, d’une façon très-étrange, en perdant la raison.

HAMLET.

Sous l’empire de quelle cause ?

PREMIER PAYSAN.

Tiens ! sous l’empire de notre roi, en Danemark.

HAMLET.

Où est-il à présent ?

PREMIER PAYSAN.

Eh bien, à présent, ils l’ont envoyé en Angleterre.

HAMLET.

En Angleterre ! Dans quel but ?

PREMIER PAYSAN.

Eh bien, ils disent qu’il aura sa raison là-bas ; — ou, s’il ne l’a pas, il n’y aura pas grand mal, — ça ne se verra pas là-bas.

HAMLET.

Pourquoi pas là-bas ?

PREMIER PAYSAN.

Parce que, dit-on, là-bas tous les hommes sont aussi fous que lui.

HAMLET.

À qui est ce crâne ?

PREMIER PAYSAN.

Celui-ci ? Peste soit de lui ! C’était celui d’un enragé farceur. — Un jour il m’a versé un flacon entier de vin du Rhin sur la tête. — Ah ! vous ne le reconnaissez pas ! C’était le crâne d’un certain Yorick.