Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/209

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nouit dans une éclipse, à croire que c’était le jour du jugement. — Ces mêmes signes précurseurs d’événements terribles, — messagers toujours en avant des destinées, — prologue des catastrophes imminentes, — le ciel et la terre les ont fait apparaître — dans nos climats à nos compatriotes.
Le Spectre reparaît.

— Mais, chut ! Regardez, là ! il revient encore ! — Je vais lui barrer le passage, dût-il me foudroyer. Arrête, illusion ! — Si tu as un son, une voix dont tu fasses usage, — parle-moi ! — S’il y a à faire quelque bonne action — qui puisse contribuer à ton soulagement et à mon salut, — parle-moi ! — Si tu es dans le secret de quelque fatalité nationale, — qu’un avertissement pourrait peut-être prévenir, — oh ! parle ! — Ou si tu as enfoui pendant ta vie — dans le sein de la terre un trésor extorqué, — ce pourquoi, dit-on, vous autres esprits vous errez souvent après la mort, — dis-le-moi.

Le coq chante.

Arrête et parle… Retiens-le, Marcellus.

MARCELLUS.

— Le frapperai-je de ma pertuisane ?

HORATIO.

— Oui, s’il ne veut pas s’arrêter.

BERNARDO.

Il est ici !

HORATIO.

Il est ici !

Le spectre sort.
MARCELLUS.

— Il est parti ! — Nous avons tort de faire à un être si majestueux — ces menaces de violence ; — car il est, comme l’air, invulnérable, — et nos vains coups ne seraient qu’une méchante moquerie.