Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/210

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BERNARDO.

— Il allait parler quand le coq a chanté.

HORATIO.

— Et alors, il a tressailli comme un être coupable — à une effrayante sommation. J’ai ouï dire — que le coq, qui est le clairon du matin, — avec son cri puissant et aigu, — éveille le dieu du jour ; et qu’à ce signal, — qu’ils soient dans la mer ou dans le feu, dans la terre ou dans l’air, — les esprits égarés et errants regagnent en hâte — leurs retraites ; et la preuve — nous en est donnée par ce que nous venons de voir.

MARCELLUS.

— Il s’est évanoui au chant du coq. — On dit qu’aux approches de la saison — où l’on célèbre la naissance de notre Sauveur, — l’oiseau de l’aube chante toute la nuit, — et alors, dit-on, aucun esprit n’ose s’aventurer dehors. — Les nuits sont saines ; alors pas d’étoile qui frappe, — pas de fée qui jette des sorts, pas de sorcière qui ait le pouvoir de charmer, — tant cette époque est sanctifiée et pleine de grâce !

HORATIO.

— C’est aussi ce que j’ai ouï dire, et j’en crois quelque chose. — Mais, voyez, le matin, vêtu de son manteau roux, — s’avance sur la rosée de cette haute colline, là à l’orient. — Finissons notre faction, et, si vous m’en croyez, — faisons part de ce que nous avons vu cette nuit — au jeune Hamlet ; car, sur ma vie, — cet esprit, muet pour nous, lui parlera. — Consentez-vous à cette confidence, — aussi impérieuse à notre dévouement que conforme à notre devoir ?

MARCELLUS.

— Faisons cela, je vous prie ! je sais où, ce matin, — nous avons le plus de chance de le trouver.

Ils sortent.