Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/215

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commun et qui n’a cessé de crier, — depuis le premier cadavre jusqu’à l’homme qui meurt aujourd’hui : — Cela doit être ainsi ! Nous vous en prions, jetez à terre — cette impuissante douleur, et regardez-nous — comme un père. Car, que le monde le sache bien, — vous êtes de tous le plus proche de notre trône ; — et la noble affection — que le plus tendre père a pour son fils, — je l’éprouve pour vous. Quant à votre projet — de retourner aux écoles de Wittemberg, — il est en tout contraire à notre désir ; — nous vous en supplions, consentez à rester — ici, pour la joie et la consolation de nos yeux, — vous, le premier de notre cour, notre cousin et notre fils.
LA REINE.

— Que les prières de ta mère ne soient pas perdues, Hamlet ! — je t’en prie, reste avec nous ; ne va pas à Wittemberg.

HAMLET.

— Je ferai de mon mieux pour vous obéir en tout, madame.

LE ROI.

— Allons, voilà une réponse affectueuse et convenable. — Soyez en Danemark comme nous-même… Venez, madame : — cette déférence gracieuse et spontanée d’Hamlet — sourit à mon cœur : en actions de grâces, — je veux que le roi de Danemark ne boive pas aujourd’hui une joyeuse santé, — sans que les gros canons le disent aux nuages, — et que chaque toast du roi soit répété par le ciel, — écho du tonnerre terrestre. Sortons.

Le roi, la Reine, les Seigneurs, Polonius et Laertes sortent.
HAMLET.

— Ah ! si cette chair trop solide pouvait se fondre, — se dissoudre et se perdre en rosée ! — si l’Éternel n’avait pas dirigé ses canons contre le suicide !… Ô Dieu ! ô Dieu ! — combien pesantes, usées, plates et stériles, —