Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/292

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HAMLET.

Ô fils prodigieux, qui peut ainsi étonner sa mère !… Mais cet étonnement de ma mère n’a-t-il pas de suite aux talons ? Parlez.

ROSENCRANTZ.

Elle demande à vous parler dans son cabinet, avant que vous alliez vous coucher.

HAMLET.

Nous lui obéirons, fût-elle dix fois notre mère. Avez-vous d’autres paroles à échanger avec nous ?

ROSENCRANTZ.

Monseigneur, il fut un temps où vous m’aimiez.

HAMLET.

Et je vous aime encore, par ces dix doigts filous et voleurs (18).

ROSENCRANTZ.

Mon bon seigneur, quelle est la cause de votre trouble ? Vous barrez vous-même la porte à votre délivrance, en cachant vos peines à un ami.

HAMLET.

Monsieur, je veux de l’avancement.

ROSENCRANTZ.

Comment est-ce possible, quand la voix du roi lui-même vous appelle à lui succéder en Danemark ?

HAMLET.

Oui, mais, en attendant, l’herbe pousse, et le proverbe lui-même se moisit quelque peu.

Entrent les Acteurs, chacun avec un flageolet.
HAMLET, continuant.

Ah ! les flageolets !… Voyons-en un.

À Rosencrantz et à Guildenstern qui lui font signe.

Me retirez avec vous ! Pourquoi donc cherchez-vous à