Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/295

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les tombes bâillent et où l’enfer lui-même souffle — la contagion sur le monde. Maintenant, je pourrais boire du sang tout chaud, — et faire une de ces actions amères que le jour — tremblerait de regarder. Doucement ! chez ma mère, maintenant ! — Ô mon cœur, garde ta nature ; que jamais — l’âme de Néron n’entre dans cette ferme poitrine. — Soyons inflexible, mais non dénaturé ; — ayons des poignards dans la voix, mais non à la main. — Qu’en cette affaire ma langue et mon âme soient hypocrites. — Quelques menaces qu’il y ait dans mes paroles, — ne consens jamais, mon âme, à les sceller de l’action.

Il sort.

SCÈNE X.
[Une chambre dans le château.]
Entrent le Roi, Rosencrantz et Guildenstern.
LE ROI.

— Je ne l’aime pas ; et puis il n’y a point de sûreté pour nous — à laisser sa folie errer. Donc, tenez-vous prêts ; — je vais sur-le-champ expédier votre commission, — et il partira avec vous pour l’Angleterre : — la sûreté de notre empire est incompatible — avec les périlleux hasards qui peuvent surgir à toute heure — de ses lunes.

GUILDENSTERN.

Nous allons nous préparer. — C’est un scrupule religieux et sacré — de veiller au salut des innombrables existences — qui se nourrissent de la vie de votre majesté.

ROSENCRANTZ.

— Une existence isolée et particulière est tenue — de se couvrir de toute la puissante armure de l’âme — contre le malheur ; à plus forte raison — une vie au souffle