Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/325

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grands ouverts ; — et, comme le pélican qui s’arrache la vie pour ses petits, — je les nourrirai de mon sang.
le roi.

Ah ! — voilà que vous parlez — comme un bon enfant, comme un vrai gentilhomme. — Que je suis innocent de la mort de votre père — et que j’en éprouve une douleur bien profonde, — c’est ce qui apparaîtra à votre raison aussi clairement — que le jour à vos yeux.

les danois, derrière le théâtre.

Laissez-la entrer.

laertes.

Qu’y a-t-il ? quel est ce bruit ?

Entre Ophélia, bizarrement coiffée de fleurs et de brins de paille.

— Ô incendie, dessèche ma cervelle ! Larmes sept fois salées, — brûlez mes yeux jusqu’à les rendre insensibles et impuissants ! — Par le ciel, ta folie sera payée si cher que le poids — de la vengeance retournera le fléau. Ô rose de mai ! — chère fille, bonne sœur, suave Ophélia ! — Ô cieux ! est-il possible que la raison d’une jeune fille — soit aussi mortelle que la vie d’un vieillard ? — Sa nature se volatilise, et, devenue subtile, — elle envoie les plus précieuses émanations de son essence — vers l’être aimé.

ophélia, chantant.

Ils l’ont porté tête nue sur la civière.
Hey no nonny ! nonny hey nonny !
Et sur son tombeau il a plu bien des larmes.

Adieu, mon tourtereau !

laertes.

— Tu aurais ta raison et tu me prêcherais la vengeance, — que je serais moins ému. —

ophélia.

Il faut que vous chantiez :