Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/361

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mais pardonnez-moi en gentilhomme. — Ceux qui sont ici présents savent et vous devez avoir appris — de quel cruel égarement j’ai été affligé. — Si j’ai fait quelque chose — qui ait pu irriter votre caractère, votre honneur, — votre susceptibilité, je le proclame ici acte de folie. — Est-ce Hamlet qui a offensé Laertes ? Ce n’a jamais été Hamlet. — Si Hamlet est enlevé à lui-même, — et si, n’étant plus lui-même, il offense Laertes, — alors, ce n’est pas Hamlet qui agit : Hamlet renie l’acte. — Qui agit donc ? sa folie. S’il en est ainsi, — Hamlet est du parti des offensés, — le pauvre Hamlet a sa folie pour ennemi. — Monsieur, après ce désaveu — de toute intention mauvaise fait devant cet auditoire, — puissé-je n’être condamné dans votre généreuse pensée — que comme si, lançant une flèche par-dessus la maison, — j’avais blessé mon frère !
LAERTES.

Mon cœur est satisfait, — et ce sont ses inspirations qui, dans ce cas, me poussaient le plus — à la vengeance : mais sur le terrain de l’honneur, — je reste à l’écart et je ne veux pas de réconciliation, — jusqu’à ce que des arbitres plus âgés, d’une loyauté connue, — m’aient imposé, d’après les précédents, une sentence de paix — qui sauvegarde mon nom. Jusque-là — j’accepte comme bonne amitié l’amitié que vous m’offrez, — et je ne ferai rien pour la blesser.

HAMLET.

J’embrasse franchement cette assurance : — et je m’engage loyalement dans cette joute fraternelle. — Donnez-nous les fleurets, allons !

LAERTES.

Voyons ! qu’on m’en donne un !

HAMLET.

— Je vais être votre plastron, Laertes : auprès de mon