Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/176

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Et c’est à travers ce trou-ci qu’à droite et à gauche
Nos amants timides doivent se parler bas.

THÉSÉE.

Peut-on désirer que de la chaux barbue parle mieux que ça ?

DÉMÉTRIUS.

C’est la cloison la plus spirituelle que j’aie jamais ouïe discourir, monseigneur.

THÉSÉE.

Voilà Pyrame qui s’approche du Mur. Silence !

Entre Pyrame.
PYRAME.

Ô nuit horrible ! ô nuit aux couleurs si noires !
Ô nuit qui es partout où le jour n’est pas !
Ô nuit : ô nuit ! hélas ! hélas ! hélas !
Je crains que ma Thisbé n’ait oublié sa promesse !
Et toi, ô Mur, ô doux, ô aimable Mur,
Qui te dresses entre le terrain de son père et le mien,
Mur, ô Mur, ô doux et aimable Mur,
Montre-moi ta fente que je hasarde un œil à travers.

Le mur étend la main.

Merci, Mur courtois ! Que Jupiter te protége !
Mais que vois-je ? je ne vois pas Thisbé.
Ô méchant Mur, à travers lequel je ne vois pas mon bonheur,
Maudites soient tes pierres de m’avoir ainsi déçu !

THÉSÉE.

Maintenant, ce me semble, c’est au Mur, puisqu’il est doué de raison, à riposter par des malédictions.

PYRAME, s’avançant vers Thésée.

Non, vraiment, monsieur ; ce n’est pas au tour du Mur. Après ces mots : m’avoir ainsi déçu, vient la réplique de Thisbé ; c’est elle qui doit paraître, et je dois l’épier à