Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/178

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THISBÉ.

Morte ou vive, j’y vais sans délai.

LE MUR, baissant le bras.

Ainsi, j’ai rempli mon rôle, moi, le Mur :
Et, cela fait, le Mur s’en va.

Sortent le Mur, Pyrame et Thisbé.
THÉSÉE.

Maintenant, le mur qui séparait les deux amants est à bas.

DÉMÉTRIUS.

Pas de remède à ça, monseigneur, quand les murs ont des oreilles.

HIPPOLYTE.

Voilà le plus stupide galimatias que j’aie jamais entendu.

THÉSÉE.

La meilleure œuvre de ce genre est faite d’illusions ; et la pire n’est pas pire quand l’imagination y supplée.

HIPPOLYTE.

Alors ce n’est plus l’imagination de l’auteur, c’est la vôtre.

THÉSÉE.

Si nous ne pensons pas plus de mal de ces gens-là qu’ils n’en pensent eux-mêmes, ils pourront passer pour excellents. Mais voici deux nobles bêtes, une lune et un lion.

Entrent le Lion et le Clair de Lune.
LE LION.

Mesdames, vous dont le gentil cœur s’effraie
De la souris la plus monstrueusement petite qui trotte sur le parquet,
Vous pourriez bien ici frissonner et trembler
En entendant un lion féroce rugir avec la rage la plus farouche.