Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/223

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courir. Je ne doute pas — qu’il ne soit arrivé vivant à terre.
ALONSO.

Non, non, il n’est plus.

SÉBASTIEN, à Alonso

— Seigneur, vous pouvez vous remercier vous-même de cette grande perte. — Plutôt que de faire de votre fille les délices de notre Europe, — vous avez préféré la perdre aux bras d’un Africain — et la bannir ainsi, tout au moins, de vos yeux — qui n’ont que trop sujet d’en pleurer.

ALONSO.

Paix, je t’en prie.

SÉBASTIEN.

— Tous, nous nous sommes mis à vos genoux, nous vous avons importuné — de toutes manières. Elle-même, cette belle âme, — mettant en balance son aversion et son obéissance, ne savait — de quel côté du fléau pencher. Nous avons perdu votre fils, — je le crains, pour toujours. Milan et Naples ont — plus de veuves par suite de cette affaire — que nous ne ramenons d’hommes pour les consoler. — La faute en est à vous.

ALONSO.

À moi aussi la plus cruelle perte !

GONZALO.

Monseigneur Sébastien, — votre franc parler manque un peu de douceur — et d’à-propos. Vous frottez la plaie, — quand vous devriez y mettre un emplâtre.

SÉBASTIEN.

Ceci est fort bien dit !

ANTONIO.

— Et très-chirurgical.

GONZALO, à Alonso.

— Il fait bien vilain temps pour nous tous, bon seigneur, — quand vous êtes nébuleux.