Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/277

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jour par jour : — ce n’est point un récit de déjeuner qui soit — à sa place dans cette première entrevue. Soyez le bienvenu, seigneur. — Cette grotte est mon palais ; ici, j’ai peu de serviteurs, — et au dehors pas de sujets. De grâce, regardez dedans. — Puisque vous m’avez rendu mon duché, — je veux vous offrir en échange une chose aussi précieuse, — ou, du moins, vous montrer une merveille, dont vous serez content, — autant que moi de mon duché.
L’intérieur de la grotte se découvre : on aperçoit Miranda et Ferdinand jouant aux échecs.
MIRANDA, à Ferdinand.

— Mon doux seigneur, vous me trichez.

FERDINAND.

Non, cher amour, — je ne le voudrais pas pour le monde entier.

MIRANDA.

— Oh ! vous chicaneriez pour gagner vingt royaumes, — que je trouverais le coup bon.

ALONSO.

Si ceci est encore — une vision de cette île, cher fils unique, — je t’aurai perdu deux fois.

SÉBASTIEN.

Voilà le miracle le plus étonnant.

FERDINAND, apercevant Alonso.

— Les mers ont beau menacer, elles sont clémentes, — et je les ai maudites sans motif.

Il va se jeter aux genoux d’Alonso.
ALONSO.

Que maintenant les bénédictions — d’un père heureux t’environnent de toutes parts ! — Lève-toi, et dis-nous comment tu es venu ici.

MIRANDA.

Ô miracle ! — que de superbes créatures il y a ici ! — Que