Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/289

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That greter was ther non under the sonne.
Ful many a riche contree had he wonne.
What with his wisdom and his chevalrie,
He conquered all the regne of Feminie,
That whilom was ycleped Scythia ;
And wedded the fresshe quene Ipolita,
And brought hire home with him to his contree
With mochel glorie and gret solempnitee,
And eke faire yonge sister Emelie.
And thus with victorie and with melodie
Let I this worthy duk to Athenes ride,
And all his host in armes him beside[1].


Jadis, comme les vieilles histoires nous le disent,
Il y avait un duc, nommé Thésée.
D’Athènes il était lord et gouverneur,
Et dans son temps un tel conquérant
Que jamais plus grand n’exista sous le soleil.
Il avait pris bien des riches contrées.
Grâce à sa sagesse et à sa chevalerie,
Il conquit tout le royaume de Feminie,
Qui jadis était appelé Scylhie,
Et épousa la fraîche reine Hippolyte,
Et la ramena avec lui en son pays
Avec beaucoup de gloire et une grande solennité,
Et aussi sa jeune sœur Émilie.
Et ainsi, avec la victoire et la mélodie,
Je laisse ce digne duc chevaucher vers Athènes,
Suivi de toutes ses troupes en armes.

(3) Les belliqueuses amours d’Hippolyte et de Thésée forment également le prologue d’un drame excessivement curieux, qui fut publié pour la première fois avec les deux noms de Shakespeare et de Fletcher, et sous ce titre : Les deux nobles Parents[2]. Dans le premier acte de cette pièce, au moment où les deux fiancés se rendent au temple, trois reines vêtues de deuil viennent se jeter à leurs pieds et demander à Thésée de châtier Créon, qui les a faites veuves. L’une de ces reines supplie Hippolyte d’intercéder pour elles auprès du prince athénien, et lui adresse ces vers tout shakespeariens, que je traduis ici comme un magnifique commentaire sur la lutte du héros et de l’héroïne :
  1. Voir le Conte du chevalier dans les Contes de Canterbury.
  2. Voir cette œuvre traduite au seizième volume.