Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/292

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Plus vite que l’éclair je puis voler
Dans l’espace aérien,
Et, en une minute, employer
Tout ce qui se trouve sous la lune.
Pas de sorcière
Ni de revenant qui bouge,
On crie : Gare les lutins ! là où j’irai.
Mais moi, Robin,
J’épierai les invités
Et je les renverrai chez eux par des ho ! ho !

Quand je rencontre des traînards
Revenant de ces fêtes clopin-clopant,
Je les salue d’une voix contrefaite,
Et les appelle pour qu’ils errent avec moi,
À travers bois, à travers lacs,
À travers marais, à travers ronces ;
Ou bien je les suis, invisible,
Pour leur faire une niche
Au bon moment,
Et les bafouer par des ho ! ho !

Tantôt je me présente à eux comme un homme,
Tantôt comme un bœuf, tantôt comme un chien ;
Je puis aussi me changer en cheval
Pour piaffer et trotter près d’eux.
Mais si de monter
Sur mon dos ils essaient,
Plus vite que le vent je pars ;
Par-dessus les haies et les talus,
À travers viviers et étangs,
Je m’emporte en riant ho ! ho !

Quand garçons et filles se régalent
De punch et de fines sucreries,
Invisible à toute la compagnie,
Je mange leurs gâteaux et déguste leur vin.
Et, pour m’amuser,
Je souffle et je ronfle,
Et j’éteins les chandelles,
Je baise les filles,
Elles crient : qui est-ce ?
Et je ne réponds rien que des ho ! ho !