Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/39

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Betide, betide, whate’er betide,
Haig shall be Haig of Bemerside.

« Arrive, arrive, arrive que pourra, les Haig seront toujours les Haig de Bemerside. » Le seigneur se retira fort satisfait d’un oracle qui faisait de son château l’héritage perpétuel de ses descendants mâles. Toutefois, au milieu du siècle dernier, on crut que l’oracle allait être en défaut. Le gentilhomme qui possédait alors le vieux manoir avait bien douze enfants, mais ces douze enfants étaient douze filles. Il semblait que le fief était définitivement tombé en quenouille, quand, quelques temps après la naissance de la douzième fille, la châtelaine de Bemerside mit au monde un garçon ! Ce fils unique est devenu le père d’une lignée nouvelle, et les Haig sont toujours les Haig de Bemerside.

Heureusement pour la gloire de Thomas, ses plus célèbres prophéties se sont déjà réalisées. J’en citerai deux notamment qui ont pour elles le certificat de l’histoire.

En 1292, raconte l’annaliste Boèce, Thomas le Rimeur annonça au comte de March que, tel jour, à midi, il éclaterait une tempête comme l’Écosse n’en avait jamais vu. Au jour dit, il faisait le plus beau temps du monde, la matinée était superbe. Le comte de March vient trouver le devin et lui déclare devant tous qu’il n’est qu’un imposteur. — Attendez, dit tranquillement Thomas, il n’est pas tout à fait midi. — Au même instant, la route se couvre de poussière. Un courrier arrive au grand galop et apporte la nouvelle que le roi alors régnant, Alexandre III, vient de mourir d’une chute de cheval. — Seigneur, reprit Thomas en s’adressant au comte, voilà la tempête que je vous avais annoncée.

Que répliquer à cela ?

Vers la même époque, un seigneur écossais encore