Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/45

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— Singulières guinées ! fit-il en comptant. Voyons donc à quelle effigie.

Et le jockey, examinant une des pièces, lut cette inscription qui entourait une tête couronnée : ALEXANDER III REX SCOTIÆ. 1250.

— En effet, repartit vivement le vieillard, c’est de la monnaie du temps d’Alexandre III. Je n’en ai pas d’autre ici. Mais l’or est du meilleur aloi, et vous en trouverez aisément le change.

Rassuré par cette observation, le jockey empocha la bourse et fit mine de se retirer. Pourtant un sentiment de curiosité le retint.

— Seigneur, dit-il à son singulier interlocuteur, avant de nous séparer, me permettrez-vous une question ? Vous m’avez donné rendez-vous ici au Lucken-Hare. Mais je n’y vois aucune habitation. Rien que des rochers et des arbres. Ce n’est donc pas ici que vous demeurez ?

— Mon logis est ailleurs, mais mes écuries sont ici. Voulez-vous les visiter ?

— Bien volontiers.

— Je vais vous y mener.

Et le vieillard s’enfonça sous les arbres, suivi du maquignon.

Après quelques détours, ils arrivèrent à l’entrée d’une caverne.

— C’est ici, dit le vieillard.

Ils pénétrèrent sous l’arche du rocher et se trouvèrent devant une grande porte qui s’ouvrit à deux battants. Le jockey eut alors un spectacle surprenant. Il vit une écurie d’une longueur démesurée qu’éclairaient une série indéfinie de lampes blafardes, fixées au plafond de distance en distance. De chaque côté de l’écurie, étaient disposées des stalles pavées de marbre ; et dans chacune