Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/47

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tous les écuyers et tous les chevaux que vous venez de voir. Mais gare à celui qui sonnerait la fanfare sans avoir l’épée à la main !

Malgré ces paroles, prononcées du ton le plus solennel, le maquignon éclata de rire.

— Bah ! s’écria-t-il, tout cela n’est qu’une plaisanterie. Je gage que je joue de cette trompe-là sans émouvoir autre chose que l’écho.

Et ce disant, le jockey décrocha le cor et l’emboucha. Mais à peine avait-il donné la première note qu’un tumulte inexprimable remplit l’immense salle. Les chevaliers qui se tenaient à l’entrée de chaque stalle tressaillirent et brandirent leurs lances avec des gestes menaçants. Les chevaux bondirent, piaffèrent, se cabrèrent en donnant à leurs brides une effrayante secousse. Dans cette tempête de hennissements et de clameurs, retentit une voix de tonnerre qui prononçait ces vers foudroyants :

Woe to the coward that ever he was born
That did not draw the sword before he blew the horn!

« Malheur au lâche qui, avant de souffler dans le cor, n’a pas tiré l’épée ! »

Le malheureux jockey, plus effrayé que Sganarelle à la vue du Commandeur, laissa tomber le cor et s’enfuit de la caverne à toutes jambes.