Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/134

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SCÈNE XIV.
[La bruyère.]
Tonnerre. Hécate entre ; les trois Sorcières vont à sa rencontre.
PREMIÈRE SORCIÈRE.

— Eh bien, qu’avez-vous, Hécate ? Vous paraissez irritée.

HÉCATE.

— N’ai-je pas raison de l’être, mégères, quand vous êtes — si insolentes et si effrontées ? Comment avez-vous osé — commercer et trafiquer avec Macbeth — d’oracles et d’affaires de mort, — sans que moi, la maîtresse de vos enchantements, — l’agent mystérieux de tout maléfice, — j’aie été appelée à intervenir — ou à montrer la gloire de notre art ? — Et, qui pis est, vous avez fait tout cela — pour un fils entêté, — rancuneux, colère, qui, comme les autres, — vous aime pour lui-même, non pour vous. — Mais réparez votre faute maintenant : partez — et venez au trou de l’Achéron — me rejoindre demain matin : il doit — s’y rendre pour connaître sa destinée. — Préparez vos vases, vos sortiléges, — vos enchantements, tout enfin. — Moi, je vais dans l’air ; j’emploierai cette nuit — à une œuvre terrible et fatale. — Une grande affaire doit être achevée avant midi. — À la pointe de la lune — pend une goutte de vapeur profonde ; — je l’attraperai avant qu’elle tombe à terre. — Cette goutte, distillée par des procédés magiques, — fera surgir des apparitions fantastiques — qui, par la force de leurs illusions, — l’entraîneront à sa ruine. — Il insultera le destin, narguera la mort, et mettra — ses espérances au-dessus de la sagesse, de la religion et de la crainte. — Et, vous