— Qu’avait-il fait qui l’obligeât à fuir le pays ?
— Vous devez avoir de la patience, madame.
Il n’en a pas eu, lui ! — Sa fuite a été une folie. À défaut de nos actes, — nos peurs font de nous des traîtres.
Vous ne savez pas — s’il y a eu de sa part sagesse ou peur.
— Sagesse ! laisser sa femme, laisser ses enfants, — ses gens et ses titres dans un lieu — d’où il s’enfuit lui-même ! Il ne nous aime pas : — il n’a pas même l’instinct de la nature : le pauvre roitelet, — le plus petit des oiseaux, défendra — ses petits dans son nid contre le hibou. — Il n’y a que de la peur, et pas d’affection, — non, pas plus que de sagesse, dans cette fuite — précipitée ainsi contre toute raison.
Ma chère petite cousine, — je vous en prie, régentez-vous vous-même. Car, pour votre mari, — il est noble, sage, judicieux ; il connaît à fond — les crises de notre époque. Je n’ose en dire davantage, — mais ce sont des temps cruels que ceux où nous sommes traîtres — sans le savoir, où nous écoutons les rumeurs — de la crainte, sans savoir ce que nous craignons, — flottant sur une mer farouche et violente — qui nous agite en tout