Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
LE ROI JEAN.
Philippe, fils aîné de la femme du bon vieux sir Robert !
LE ROI JEAN.

— Désormais, porte le nom de celui dont tu portes la figure. — Agenouille-toi, Philippe, mais relève-toi plus grand, — relève-toi sir Richard et Plantagenet.

Le Bâtard s’agenouille, et le roi Jean le sacre chevalier.
LE BÂTARD, se relevant, à Robert.

— Frère… du côté de ma mère, donnez-moi votre main. — Mon père m’a donné l’honneur, le vôtre vous a donné le fonds. — Maintenant, bénie soit l’heure de la nuit ou du jour — où je fus conçu, sir Robert étant absent !

ÉLÉONORE.

— Tout l’esprit d’un Plantagenet ! — Je suis ta grand’mère, Richard : donne-moi ce nom.

LE BÂTARD.

— Grand’mère par hasard, madame, mais non par droit. Bah ! qu’est-ce que ça fait ? — C’est à peu près la même chose, quoique du côté gauche. — Qu’importe qu’on soit venu par la fenêtre ou par le guichet ? — Qui n’ose remuer le jour, doit s’insinuer de nuit. — Attrapez comme vous voudrez, tenir, c’est tenir. — De près ou de loin, bien touché, c’est bien tiré ; — et, fait n’importe comment, je suis ce que je suis.

LE ROI JEAN, à Robert.

— Va, Faulconbridge ; tu as maintenant ce que tu désires ; — un chevalier sans fonds te fait seigneur foncier.

À la reine-mère.

— Venez, madame. Viens, Richard. Partons vite. — En France ! en France ! La chose est plus qu’urgente.

LE BÂTARD, à Robert.

— Frère, adieu ; que la bonne fortune aille à toi ! — Car tu es venu au monde par la voie de l’honnêteté.

Tous sortent, excepté le Bâtard.