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SCÈNE III.

DORSET.

— Pas un homme qui n’en ait prophétisé le châtiment !

BUCKINGHAM.

— Northumberland qui était présent pleurait.

MARGUERITE.

— Quoi ! vous étiez à vous chamailler, avant que je vinsse, — prêts à vous prendre tous à la gorge, — et voilà que vous tournez toutes vos haines contre moi ! — Les terribles malédictions d’York ont-elles donc prévalu à ce point sur le ciel — que la mort de Henry, la mort de mon aimable Édouard, — la perte de leur royaume, mon douloureux bannissement, — ne soient que la réplique à la perte de ce maussade bambin ! — Les malédictions peuvent-elles percer les nuages et entrer au ciel ? — Alors, nuages sombres, faites de la place à mes malédictions ailées ! — Qu’à défaut de la guerre, votre roi périsse par la débauche, — comme le nôtre a péri par le meurtre pour le faire roi !

À Élisabeth.

— Qu’Édouard, ton fils, aujourd’hui prince de Galles, — pour Édouard, notre fils, naguère prince de Galles, — meure dans sa jeunesse par une aussi brusque violence ! — Toi-même, qui es reine, puisses-tu, pour moi qui fus reine, — survivre à ta gloire, ainsi que moi, misérable ! — Puisses-tu vivre longtemps, à pleurer la perte de tes enfants, — et à ton tour en voir une autre — parée de tes droits, comme tu t’es installée dans les miens ! — Que tes jours de bonheur meurent longtemps avant ta mort ! — Et puisses-tu, après de longues heures de désespoir, — mourir, n’étant plus ni mère, ni épouse, ni reine d’Angleterre !

Aux courtisans.

— Rivers, et toi, Dorset, vous étiez là, — et tu y étais