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MACBETH, LE ROI JEAN ET RICHARD III.

(38) Ici encore Shakespeare suit strictement le plan de la vieille pièce. Dans le drame de 1591, Arthur meurt également en essayant de s’échapper de sa prison. Je traduis la scène :

Le jeune Arthur paraît au haut des murailles.
ARTHUR.

Maintenant, que la bonne chance aide au succès de mon entreprise — et épargne à ma jeunesse de nouveaux malheurs ! — Je risque ma vie pour gagner ma liberté. — Si je meurs, j’en aurai fini avec les tourments de ce monde. — La peur commence à affaiblir ma résolution. — Si je lâche prise, hélas ! je tombe, — et la chute pour moi, c’est la mort. — Il vaut mieux renoncer à mon projet et vivre en prison toujours… — La prison, ai-je dit ? Non, plutôt la mort ! — Que l’énergie et le courage me reviennent ! — Décidément, je me risque : — après tout, ce n’est que sauter pour vivre.

(39) Holinshed raconte, d’après Mathieu Pâris, qu’en effet « le roi, ne pouvant monter à cheval, se fit porter dans une litière faite d’osier où était étendue une simple natte de paille, sans lit ni oreiller. »

(40) La révélation faite ici par Melun est historique. « Vers le même temps, dit Holinshed, il arriva qu’un Français, le vicomte de Melun, tomba malade à Londres, et, voyant que sa mort était proche, appela à lui plusieurs barons anglais qui restaient dans la cité et leur fit cette déclaration : « Vous ignorez les périls qui sont suspendus sur vos têtes. Louis, et avec lui seize comtes et barons de France, ont juré secrètement, dans le cas où le royaume d’Angleterre serait conquis, de tuer, bannir et emprisonner tous ceux de la noblesse anglaise qui maintenant se révoltent contre leur propre roi, comme des traîtres et des rebelles. Et, pour que vous n’en doutiez pas, moi, qui suis ici sur le point de mourir, je vous affirme, sur le salut de mon âme, que je suis un des seize qui ont fait ce vœu. Je vous conseille donc de pourvoir à votre propre sûreté et à celle de votre pays, et de garder le secret sur ce que je viens de vous révéler. » Cela dit, il mourut immédiatement. »

(41) Nul doute que, dans la pensée de Shakespeare, le supplice qui termine la vie du roi Jean ne soit le châtiment de ses crimes. C’était également la pensée de l’auteur du Roi Jean anonyme, et, pour s’en convaincre, il suffit de lire la scène suivante :