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TROYLUS ET CRESSIDA.

Arrivent Pandarus et Cressida.
PANDARUS, à Cressida.

Allons, allons, qu’avez-vous besoin de rougir ? La timidité est une enfant…

À Troylus.

La voici ; répétez-lui tous les serments que vous m’avez dits…

À Cressida.

Quoi, vous voilà partie encore ! Il faudra donc vous dresser pour que vous vous apprivoisiez, il le faudra donc ? Avancez, avancez ; si vous tirez en arrière, nous nous mettrons au timon…

À Troylus.

Pourquoi ne lui parlez-vous pas ?…

À Cressida.

Allons, tirez ce rideau et voyons votre peinture.

Il lui lève son voile.

Ce pauvre jour, comme vous avez peur de l’offenser ! S’il faisait nuit, vous seriez bien plus vite l’un près de l’autre.

Il les tient rapprochés.

C’est cela, c’est cela, frottez bien, et baisez la maîtresse. Allons, un baiser sans fin ! Bâtis ici, charpentier ; l’air y est doux. Ah ! vous vous romprez vos cœurs avant que je vous sépare. Le faucon aura sa femelle, de par tous les canards de la rivière ! Allez ! allez !

TROYLUS.

Vous m’avez mis à court de paroles, madame.

PANDARUS.

Les dettes ne se paient pas avec des mots, donnez-lui des actions ; mais je crains qu’elle ne vous mette à court d’actions aussi, si elle appelle votre énergie à l’épreuve. Quoi, encore à se becqueter ? En foi de quoi les parties