Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
TROYLUS ET CRESSIDA.

ACHILLE.

— Je vais chasser cet hiver-là de vos lèvres, belle dame : — Achille vous souhaite la bienvenue.

Il l’embrasse.
MÉNÉLAS, s’approchant de Cressida.

J’avais jadis un bon motif à baisers.

PATROCLE, se mettant entre Cressida et Ménélas.

— Ce n’est pas un motif pour que vous baisiez aujourd’hui. — Comme moi, en ce moment, l’intrus Pâris a eu la hardiesse — de vous séparer de votre motif.

Il embrasse Cressida.
ULYSSE, montrant Ménélas.

— Ô mortel dépit, cause de toutes nos misères ! — Car, si nous perdons nos têtes, c’est pour dorer ses cornes !

PATROCLE.

— J’ai commencé par le baiser de Ménélas ; voici le mien : c’est Patrocle qui vous baise.

Il l’embrasse.
MÉNÉLAS.

Oh ! que c’est joli !

PATROCLE.

— Pâris et moi, nous baisons toujours pour lui.

MÉNÉLAS.

— Je veux mon baiser, Monsieur…

Se rapprochant de Cressida.

Madame, avec votre permission…

CRESSIDA.

— Quand vous baisez, donnez-vous ou recevez-vous ?

MÉNÉLAS.

— Je prends et je donne.

CRESSIDA.

Je ne fais que de bons marchés ; — le baiser que vous