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TROYLUS ET CRESSIDA.
Hector, avec une attention scrupuleuse — et mesuré jointure par jointure.
HECTOR.

Serait-ce Achille ?

ACHILLE.

— Je suis Achille.

HECTOR.

— Tiens-toi droit, je te prie, que je te voie.

ACHILLE.

— Considère-moi à plein regard.

HECTOR.

Bon ! c’est déjà fait.

ACHILLE.

— Tu es trop bref ; je veux une seconde fois, — te contempler membre à membre, comme si je voulais t’acheter.

HECTOR.

— Oh ! tu vas me parcourir comme un livre amusant ; — mais il y a en moi plus que tu ne peux comprendre. — Pourquoi m’obsèdes-tu ainsi de ton regard ?

ACHILLE.

— Dites-moi, ô cieux, dans quelle partie de son corps — je le tuerai ! si c’est là, ou là, ou là ! — que je puisse désigner le siége de la plaie — et indiquer la brèche même par où — s’envolera la grande âme d’Hector ! Répondez-moi, cieux.

HECTOR.

— Les dieux bienheureux se feraient tort, homme fier, — s’ils répondaient à ta question. Redresse-toi donc. — Crois-tu m’ôter la vie si plaisamment — que tu puisses par une minutieuse conjecture prédire, — où tu me frapperas ?

ACHILLE.

Je te dis oui.