Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
TROYLUS ET CRESSIDA.
ait piété — à faire mal par scrupule ; ce n’est pas plus légitime que de voler violemment par désir de donner, — et de dérober pour faire la charité.
CASSANDRE.

— C’est l’intention qui doit donner force aux serments ; — mais tous les engagements ne doivent pas être tenus… — Désarmez-vous, doux Hector.

HECTOR.

Tenez-vous tranquille, vous dis-je. — C’est mon honneur qui marque l’heure de ma destinée. — Tout homme attache de la valeur à la vie ; mais l’homme de valeur — attache à l’honneur une valeur plus précieuse qu’à la vie.

Entre Troylus, armé.

— Eh bien, jeune homme, tu veux donc te battre aujourd’hui ?

ANDROMAOUE, à Cassandre.

— Cassandre, appelez mon père pour décider Hector.

Cassandre sort.
HECTOR.

— Non, vraiment, jeune Troylus. Ote ton harnais de bataille, jouvenceau ! — Je suis aujourd’hui en veine de chevalerie. — Toi, laisse croître tes muscles jusqu’à ce que leurs nœuds soient forts, — et ne t’expose pas encore aux frottements de la guerre. — Désarme-toi, va ; et sois sûr, jeune gars, — que je saurai me battre aujourd’hui pour toi, pour moi, et pour tous.

TROYLUS.

— Frère, vous avez en vous un vice de générosité — qui sied mieux à un lion qu’à un homme.

HECTOR.

— Quel est mon vice, bon Troylus ? Gronde-moi, voyons.