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SCÈNE IV.

LÉONATO.

Non ! pas avant de lundi en huit, mon cher fils. C’est encore un temps bien court pour que tous les apprêts répondent à mes désirs.

DON PEDRO.

Allons ! ce délai de longue haleine vous fait secouer la tête à tous deux. Mais je te garantis, Claudio, que le temps ne se passera pas tristement pour nous. Je veux, dans l’intervalle, entreprendre un des travaux d’Hercule : il s’agira d’amener le signor Bénédict et la dame Béatrice à une montagne d’affection réciproque. Je voudrais faire ce mariage, et je ne doute pas de le former, si vous voulez tous trois prêter assistance à mon plan.

LÉONATO.

Monseigneur, je suis à vous, dût-il m’en coûter dix nuits de veille.

CLAUDIO.

Et moi aussi, monseigneur.

DON PEDRO.

Et vous aussi, gentille Héro ?

HÉRO.

J’accepte tous les emplois convenables, monseigneur, pour donner ma cousine à un bon mari.

DON PEDRO.

Bénédict n’est pas, que je sache, le moins attrayant des maris ; c’est une justice que je puis lui rendre : il est de noble race, d’une valeur éprouvée, et d’une loyauté reconnue. Je vous indiquerai comment il faudra circonvenir votre cousine, pour qu’elle s’éprenne de Bénédict…

Se tournant vers Claudio et vers Léonato.

Et moi, aidé de vous deux, j’agirai si bien sur Bénédict, qu’en dépit des boutades de son esprit et des répugnances de son cœur, il s’éprendra de Béatrice. Si nous