Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
317
SCÈNE XIII.
maudit hypocrite, il faudra qu’on ait l’œil sur vous.
DON PEDRO.

Que vois-je ? Deux des gens de mon frère enchaînés ! Et Borachio, l’un d’eux !

CLAUDIO.

Informez-vous de leur délit, monseigneur.

DON PEDRO.

Officiers, quel délit ont commis ces hommes ?

DOGBERRY.

Morbleu, monsieur, ils ont commis un faux rapport ; en outre, ils ont dit des mensonges ; secondairement, ils sont des calomnies ; sixièmement enfin, ils ont diffamé une dame ; troisièmement, ils ont attesté des choses inexactes ; et pour conclure, ce sont de fieffés menteurs.

DON PEDRO.

Premièrement, je te demande ce qu’ils ont fait ; troisièmement je te demande quel est leur délit ; sixièmement enfin, pourquoi ils sont arrêtés ; et pour conclure, ce que vous avez à dire à leur charge.

CLAUDIO.

Déduction excellente, conforme à ses propres règles ! Ma foi, voilà une question bien posée.

DON PEDRO, aux prisonniers.

Qui avez-vous offensé, mes maîtres ? De quoi êtes-vous ainsi contraints de répondre ? Ce savant constable est trop fin pour que je le comprenne. Quel est votre délit ?

BORACHIO.

Doux prince, il n’est pas besoin que j’aille plus loin pour répondre : écoutez-moi, et que le comte me tue ! J’ai trompé vos yeux même ; ce que votre sagacité n’a pu découvrir, a été mis au jour par ces niais grossiers. Ils m’ont entendu, la nuit, raconter à cet homme

Il montre Conrad.
comment don Juan, votre frère, m’avait provoqué à