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SCÈNE II.

HERMIONE.

— S’il disait qu’il lui tarde de revoir son fils, cela aurait sa force ; — qu’il le dise donc et qu’il parte ; — qu’il le jure, et il ne restera pas : — nous le chasserons d’ici avec nos quenouilles…

À Polixène.

— Voyons, je veux risquer l’emprunt pour une semaine — de votre royale présence. Quand vous recevrez — mon seigneur en Bohême, je lui donnerai permission — de rester chez vous un mois au delà du terme — fixé d’avance pour son départ : pourtant, sois-en sûr, Léonte, — je ne t’aimerai pas une seule minute en deçà du temps — qu’une femme doit aimer son mari…

À Polixène.

Vous resterez ?

POLIXÈNE.

Non, madame.

HERMIONE.

— Nenni, vous resterez.

POLIXÈNE.

Je ne puis, vraiment !

HERMIONE.

Vraiment ? — Vous m’éconduisez avec des protestations bien flasques ; mais — vous auriez beau chercher à englober les astres dans vos serments, — que je vous dirais encore : « Monsieur, pas de départ ! » Vraiment ! — vous ne partirez pas ; le « vraiment » d’une dame est bien aussi puissant que celui d’un seigneur. Voulez-vous encore partir ? — Soit ! forcez-moi à vous garder comme prisonnier, — sinon comme hôte ; ainsi, vous paierez votre fançon — avant de partir, et vous économiserez vos remercîments. Que choisissez-vous ? — Mon prisonnier ou mon hôte ? Par votre terrible « vraiment, » — vous serez l’un ou l’autre.