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LE CONTE D’HIVER.
mes desseins, et moi, — je reste un souffre-douleur, oui, un véritable plastron — dont ils s’amusent à leur guise !… Comment les poternes — ont-elles été si aisément ouvertes ?
PREMIER SEIGNEUR.

Grâce à sa grande autorité — qui souvent a exercé ce privilége — d’après vos ordres.

LÉONTE.

Je le sais trop bien…

À Hermione.

— Donnez-moi l’enfant ; je suis bien aise que vous ne l’ayez pas nourri ; — quoiqu’il ait quelques traits de moi, cependant vous — lui avez donné trop de votre sang.

HERMIONE.

Que signifie cela ? Est-ce un badinage ?

LÉONTE.

— Qu’on emporte l’enfant, il n’approchera plus d’elle. — Qu’on l’emmène ! et qu’elle joue — avec celui dont elle est grosse ! Car c’est Polixène — qui l’a fait enfler ainsi.

HERMIONE.

Je n’ai qu’à dire non ; — et je jurerais que vous me croirez, — quelque penchant que vous ayez pour la contradiction.

LÉONTE.

Vous, messeigneurs, — regardez-la, observez-la bien ; vous serez tentés — de dire : « Cette femme est belle, » mais la justice de vos cœurs vous forcera d’ajouter : « Quel malheur qu’elle ne soit ni honnête ni honorable ! » Vantez seulement sa beauté extérieure — qui, sur ma foi, mérite de grands éloges, et aussitôt, — il faudra que les haussements d’épaules, les hum ! les ha ! toutes ces petites flétrissures — à l’usage de la calomnie (non,