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SCÈNE V.

Paraît à l’entrée de la salle Pauline, portant un enfant.
PREMER SEIGNEUR, allant à la porte.

Vous ne devez pas entrer.

PAULINE.

— Ah ! secondez-moi plutôt, mes bons seigneurs. — Sa colère tyrannique vous inquiète donc plus, hélas ! — que la vie de la reine, gracieuse âme innocente ; — plus pure qu’il n’est jaloux !

ANTIGONE, à Pauline.

C’en est assez.

PREMIER HUISSIER.

— Madame, le roi n’a pas dormi cette nuit ; il a donné l’ordre — que personne n’approchât de lui.

PAULINE.

Pas tant de chaleur, messire. — Je viens lui apporter le sommeil. Ce sont les gens comme vous, — qui glissent ainsi que des ombres autour de lui, et soupirent — à chacun de ses vains gémissements, ce sont les gens comme vous — qui entretiennent la cause de ses insomnies : — je viens avec des paroles aussi salutaires que franches — et honnêtes, pour le guérir de cette humeur qui l’empêche de dormir.

LÉONTE, se détournant.

Holà ! quel est ce bruit ?

PAULINE, s’avançant vers le roi.

— Il ne s’agit pas de bruit, monseigneur, mais d’un entretien nécessaire — sur des sujets qui touchent votre altesse.

LÉONTE.

Qu’est-ce à dire ?… — Arrière cette audacieuse ! Antigone, — je t’avais chargé de ne pas la laisser venir près de moi ; — je savais qu’elle le tenterait.