Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/382

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
378
LE CONTE D’HIVER.

PAULINE.

— Ne me touchez pas, je vous prie ; je vais sortir… — Veillez sur votre enfant, monseigneur ; elle est bien à vous ! que Jupiter lui envoie — pour guide un meilleur génie !…

Aux seigneurs.

À quoi bon ces mains sur ma personne ? — Vous tous qui êtes si tendres à ses folies, — il n’aura jamais en vous de bons serviteurs, dans aucun de vous ! — C’est bien ! c’est bien ! adieu ! nous partons !

Elle sort.
LÉONTE, à Antigone.

— C’est toi, traître, qui a poussé ta femme à ceci ! — Mon enfant ! hors de ma vue !

À Antigone.

Toi-même, qui as — pour elle un cœur si tendre, emporte-la, et fais-la sur-le-champ consumer par les flammes, toi-même, toi-seul ! Ramasse-la vite, — puis, avant une heure, reviens me prouver que la chose est faite, — et par de bons témoignages ; sinon, je te prends la vie — et tout ce que tu possèdes. Si tu refuses, — si tu préfères affronter ma colère, dis-le, — et de mes propres mains je lui fais jaillir — sa cervelle bâtarde. Va, porte-la au feu, — car c’est toi qui as animé ta femme !

ANTIGONE.

Erreur, sire ! — Ces seigneurs, mes nobles compagnons, peuvent, s’ils le veulent, — me justifier.

PREMIER SEIGNEUR.

Oui, nous le pouvons ; mon royal suzerain, — il n’est pas coupable de la démarche de sa femme.

LÉONTE.

Vous êtes tous menteurs !

PREMIER SEIGNEUR.

— J’en supplie votre altesse, accordez-nous une meil-