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SCÈNE V.
leure confiance. — Nous vous avons toujours loyalement servi, et nous vous supplions — de nous rendre cette justice. C’est à genoux que nous vous demandons, — comme la récompense de nos fidèles services, — passés et futurs, de changer votre résolution : — elle est trop horrible, trop sanguinaire — pour ne pas conduire à quelque sombre issue. Nous voici tous à genoux.
Tous les courtisans s’agenouillent.
LÉONTE.

— Je suis une plume pour tous les vents qui soufflent… — Dois-je vivre pour voir cette bâtarde s’agenouiller — en m’appelant son père ? Mieux vaut la brûler — que de la maudire alors. Mais, soit, qu’elle vive !… — Non, elle ne vivra pas davantage !…

À Antigone.

Approchez, messire, — vous qui vous êtes si tendrement interposé — avec votre dame Margoton, votre accoucheuse, — pour sauver la vie de cette bâtarde (car c’est une bâtarde, — aussi sûr que cette barbe est grise), qu’êtes-vous prêt à risquer — pour sauver la vie de ce marmot ?

ANTIGONE.

Tous les sacrifices, monseigneur, — que mes forces peuvent supporter, — et que la noblesse peut me commander ! Je suis disposé, tout au moins, — à offrir le peu de sang qui me reste — pour sauver l’innocente, à faire tout le possible.

LÉONTE.

— Ce que je vais te demander est possible ; jure sur cette épée — de l’exécuter.

ANTIGONE.

Je le jure, monseigneur.

LÉONTE.

— Écoute, et obéis, vois-tu ? car la moindre — omis-