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LE CONTE D’HIVER.
si je laisse inexplorée la transition — de ce vaste intervalle ; puisqu’il est en mon pouvoir — de renverser la loi, et dans une heure d’initiative, — de faire germer ou de bouleverser une coutume. Laissez-moi — passer tel que j’étais avant que fût établi le système ancien — ou le système aujourd’hui reçu. J’ai été-témoin — des époques qui les ont fait naître, comme je le serai — des nouvelles modes destinées à régner ; et je ternirai — l’éclat du présent, en lui donnant — l’âge de mon récit. Avec votre permission, — je retourne mon sablier, et j’accélère la marche de la scène — comme si vous aviez fait un long somme. Léonte a cessé — de ressentir sa folle jalousie, et plein de douleur, — s’est jeté dans la retraite. Figurez-vous, bénévoles spectateurs, que je suis maintenant — dans la belle Bohême, et rappelez-vous bien — que je vous ai fait mention d’un fils du roi de ce pays ; c’est Florizel — que je le nomme, vous m’entendez ? je mettrai le même empressement — à vous parler de Perdita qui a grandi dans la grâce — à la hauteur de l’admiration. Quelle sera sa destinée, — je ne veux pas le prédire ; et je laisse les événements nouveaux — se révéler à leur heure. La fille d’un berger, — et les aventures qui vont lui arriver, — voilà notre sujet pour le moment. Accordez-moi votre patience, — s’il vous est arrivé parfois d’employer plus mal votre temps ; — sinon, le Temps lui-même vous le dit, — il vous souhaite sincèrement de ne jamais l’employer plus mal.
Il sort.